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Rubrique SPARTABLOG, page Chroniques de mars


Lundi 31 mars 2008 : une nouvelle méthode de DNF pour nous empêcher de fumer ?

Je viens de lire la nouvelle suivante dans La Provence : Le 20 mars dernier, un quinquagénaire a été roué de coups au pied de la Canebière. Quatre individus, trois hommes et une femme, l'ont suivi alors qu'il sortait du bar-tabac où il était parti acheter des cigarettes

Le type est dans un sale état. Bref. Acheter des cigarettes c'est dangereux. J'imagine déjà les extrémistes de DNF se réjouissant (je vous jure qu'ils écrivent des choses comme ça) : "Bien fait" ! "Il n'avait qu'à pas". "J'espère que ça lui fera passer l'envie de fumer".

Attaques de fumeurs, braquages de bars-tabac (voir le blog du vendredi 29), décidément il devient de plus en plus risqué de fumer. Et l'expression "passage à tabac" est plus que jamais de rigueur.

A la fin de l'article, on apprend que les agresseurs sont en fait des SDF. Ouf ! Ca rassure : il y a pire que les fumeurs. Quoique. Ca dépend de ce qu'ils ont volé. Si, en plus de la carte bleue, ils ont piqué les cigarettes, là c'est vraiment grave. Ca veut dire qu'ils fument. Quoique. Les cigarettes sont devenues tellement chères, qu'on peut imaginer qu'elles deviennent le fruit d'un nouveau trafic. Ca devient réellement un  petit luxe de fumer.

Il n'est pas inintéressant de faire observer que les SDF, qui sont loin d'être des crétins, se posent en général dans les lieux où il y a le plus de monde. Normal. Pour faire la manche, c'est stratégiquement mieux d'être à côté d'une longue file d'attente. On les voit donc le plus souvent à l'entrée des bars-tabac (et de la Poste aussi). S'ils sont là, c'est qu'il y a du monde. C'est donc que les gens continuent à fumer, beaucoup, sinon il n'y aurait pas de queue. Nul besoin de faire une enquête IPSOS : le jour où il n'y aura plus aucun SDF à l'entrée des bars-tabac, cela signifiera que les gens fument moins. Et quand il n'y aura plus de bureau de poste, ça voudra dire que les Libéraux auront gagné. Horreur !

Samedi 29 mars 2008 : La fellation et le cunnilingus bientôt interdits ?

La question mérite d'être posée. En effet, les papillomavirus humains, responsables de la plupart des cancers utérins, sont aussi responsables de cancers de la gorge. Or une étude scientifique tout à fait sérieuse menée au sein de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health a établi que le risque que ces tumeurs se développent augmenterait nettement pour les personnes pratiquant cunnilingus et fellations. Le fait d'avoir une infection de la bouche avec des papillomavirus (ou virus du papillome humain) paraît constituer le principal facteur de risque de certains types de cancer assez rares de la gorge.

L'étude a porté sur 100 personnes ayant un cancer de l'oropharynx (arrière de la gorge) et qui étaient déjà infectés par des papillomavirus. Ils avaient 32 fois plus de risques de développer ce cancer comparativement à un risque trois fois plus élevé pour les fumeurs et deux fois et demi plus élevé pour les personnes buvant régulièrement de l'alcool. Parmi ces 100 personnes, les adeptes du cunnilingus et de la fellation qui ont déclaré (avoué ?) s'y être adonnés avec plus de 6 partenaires durant leur vie (ça existe des gens qui n'ont eu que 6 partenaires dans leur vie ????) avaient 8,6 fois plus de risques d'avoir un cancer lié à une infection avec des papillomavirus.

Bref ! Je suis mal barrée moi qui vous parle... Il faudra donc se résoudre à la position du missionnaire (1 fois par semaine maximum), sans se toucher. Et à écouter les religieux pratiquants qui nous incitent à ne prendre que la position réglementaire et à éviter les pratiques déviantes. J'espère que la bonne Mme Bachelot, suivant les recommandations d'un énième député zélé, va nous concocter très vite un bon petit interdit ou une réglementation concernant les pratiques bucco-génitales, comme on dit poétiquement dans les milieux médicaux. Car enfin, c'est bel et bien un comportement à risques ça ! C'est un cancer "évitable" ! La science et ses découvertes, décidément, ça nous emmerde un peu aussi des fois, il faut bien l'avouer.

Le seul truc qui me réjouisse un peu, c'est que les accros de la bonne santé obligatoire qui nous empoisonnent la vie mais qui sont aussi des amoureux de la pipe (l'autre) et du gazon (l'autre aussi) sont tout autant exposés que nous, pêcheurs, fumeurs, jouisseurs, fornicateurs invétérés. Car cette étude montre que le fait de fumer ou de boire de l'alcool n'a pas accru les risques de cancer de la gorge chez ceux ayant une infection de la bouche avec des papillomavirus. Chouette ! Pour une fois, on ne pourra pas tout mettre sur le dos de la cigarette. Mais sur le dos du (de la) partenaire, oui !

Pour ceux qui aiment les études scientifiques - en anglais-, et qui souhaiteraient avoir accès aux résultats détaillés, voir notre rubrique Rapports & études




Vendredi 29 mars 2008 : des voleurs un peu cons

Comment ignorer, lorsqu'on lit la presse, qu'on écoute la radio, qu'on regarde les journaux télévisés ou qu'on discute avec un patron de bar, dans les petites villes, dans les quartiers, dans les communes rurales que le chiffre d'affaires de certains bars-tabac a chuté de 5, 10, 20, 30, 40 % ???? Il n'est pas un jour où l'information ne soit relayée.

Or voici la 3ème brève que je lis concernant le braquage de bars-tabac, dans des petites communes. Nos voleurs sont-ils cons ? N'écoutent-ils pas les nouvelles ? Où sont-ils téléguidés par certains fanatiques de DNF (Droit des Non Fumeurs) ?

Franchement, moi, si j'avais à braquer un commerce, j'en choisirais un qui est florissant. Je ne donnerai pas d'exemple ici (je garde mes bonnes idées pour moi !), mais il y a mieux à voler qu'un commerce déclinant. J'invite donc l'Amicale des Voleurs du Dimanche (AVD) a se renseigner un peu plus (en lisant SPARTACLOP notamment) et à laisser nos pauvres buralistes déjà bien affectés par la législation anti-tabac.

Mercredi 26 mars 2008 : De la peur, du sang et des morts 

Je suggère que l'expression " journal télévisé " (de TF1, France 2 et associés…) soit purement et simplement remplacée par " Rubrique nécrologique ". En effet, devant le flot d'informations morbides déversé chaque jour en début de journal, on peut se demander ce qu'il peut y avoir encore de nouveau (cf. le terme de " nouvelles ") dans l'annonce quotidienne, au mieux (dans la version optimiste) de grands brûlés ou de grands blessés, au pire de morts, foudroyantes ou "des suites d'une longue maladie" (dans la version pessimiste). Ainsi, entre hier et aujourd'hui on nous a déjà tenus informés quasiment heure par heure :

Du bébé retrouvé dans un congélateur
De la mort foudroyante du commentateur sportif Thierry Gilardi
Des assassinats du couple Fourniret
Des 7 morts causées par une personne qui avait bu conduisant une camionnette Emmaüs.

Comme une info (si on peut appeler ça une info) brute ne suffit pas, on nous oriente subtilement vers quelques pistes explicatives qui suintent la condamnation morale et la responsabilité individuelle a priori. Ainsi, concernant Thierry Gilardi, on a cru bon d'interviewer un médecin pour lui poser très sérieusement la question : " Docteur, est -il normal de mourir à 50 ans ? N'avait-il pas un comportement à risques  (je l'ai entendu sur France Info) ?

Concernant les " diaboliques des Ardennes ", les journalistes se posent la question récurrente : la femme monstre n'est-elle pas finalement plus abominable que son monstrueux époux ? N'est-elle pas plus coupable puisque c'est ELLE qui appâtait les victimes (sous-entendu : une femme assassin qui attire c'est pire qu'un homme assassin qui enterre).

Concernant le bébé retrouvé mort, on incarcère la mère et on relâche le mari car il a indiqué aux enquêteurs "ne pas s'être aperçu que sa femme était enceinte". Dans ce genre de tragédie, l'homme est TOUJOURS supposé moins coupable que la femme. Et pourtant, s'il est vrai qu'il ne s'est pas aperçu que sa femme était enceinte, c'est qu'il lui prêtait bien peu d'attention.

Enfin, concernant le chauffard, on veut nous amener à comprendre en focalisant sur le degré d'alcoolémie que 1gr. d'alcool (soit 5 verres de quelque chose)+Emmaüs+retour d'une féria = c'est forcément un largué alcoolo revenant d'une fiesta qui est responsable de l'accident et ce d'autant les jeunes de l'autre voiture avaient ZERO gramme d'alcool dans le sang. C'est donc qu'ils étaient nécessairement vertueux, en parfaite santé, et qu'ils revenaient certainement d'une conférence sur les nanotechnologies, en conduisant avec une voiture neuve, forcément ACHETEE, forcément bien réglée, avec des papiers forcément en règle, en respectant scrupuleusement le code de la route.

Voilà. Ca, c'est un journal dit " d'information " d'aujourd'hui. Moi j'appelle ça des chiens écrasés et cela devrait paraître en queue de journal. Qui plus est, en attendant une enquête (ou un procès) plus approfondie sur les causes et responsabilités réelles et sérieuses de ces drames individuels, qu'on s'en tienne à une information sans fioritures, pistes ou suggestions morales. Sans ça, moi je pose la seule vraie question qui nous aidera à comprendre ces drames : en cherchant bien est-ce que les parents du bébé congelé, Gilardi, le couple Fourniret et le chauffard n'étaient pas tous des fumeurs (ou d'ex-fumeurs) ? Ca expliquerait bien des choses et il n'y aurait même pas besoin d'enquête !


Mardi 25 mars 2008 : les jeunes sont-ils cons ou bouchés à l'émeri ?

Les associations anti-tabac triomphent. L'info vient de tomber et circule partout : les moins de 18 ans fument moins de tabac. Alleluia ! Notre jeunesse sera saine de corps et d'esprit, obéissante et consciente de la dangerosité de la cigarette. Convaincue par les actions préventives, dégoûtée par les poumons noircis qu'on lui a montrés en cours de sciences, elle ne commencera pas, c'est dit. Fumer c'est nul. Bien sûr on se réjouit de cette nouvelle. Un corps sain dans un esprit sain. Ou plutôt un esprit sain dans un corps sain. Oui mais voilà. Un deuxième chiffre tombe : s'ils ont renoncé au tabac c'est pour fumer davantage de joints, prendre davantage de coke et d'ecstasy ! Alors là on ne comprend plus : ils sont cons nos jeunes ou bouchés à l'émeri ? Faudra-t-il leur montrer des cerveaux troués en classe ? Que disent les psychologues de tout ça ? Rien. Pas de commentaire. C'est dommage : on nous donne toujours des chiffres, mais jamais les explications qui vont avec. Comment expliquer cette apparente contradiction ? Je ne me risquerai pas à une psychologie artisanale pour décoder les comportements de ces jeunes. J'observerai juste que le matraquage anti-tabac et la stigmatisation sociale des fumeurs entre très certainement pour une part dans ce désamour entre les jeunes et la cigarette. Ce qui tendrait à prouver l'efficacité de l'appareil préventif d'Etat. Oui mais à l'inverse, la force du lien social, des congénères, des expériences (très) interdites partagées avec les semblables apparaît plus forte encore puisque le risque pris est supérieur. Alors ? La jeunesse française n'étant pas complètement abrutie, et les actions préventives en matière de drogues dures semblant marcher moins bien que celles concernant le tabac, peut-être faut-il émettre l'hypothèse qu'il y a peut-être un seuil de risques irréductible ?  Peut-être que ces jeunes-là sont tous des malades ? Je ne sais pas. En tous cas, les associations anti-tabac devraient avoir le triomphe modeste. Car sans explication supplémentaire approfondie, on risquerait de voir un jour ces mêmes jeunes prendre moins de drogues dures, suite à des campagnes préventives musclées, pour basculer à nouveau dans le tabac.

Lundi 24 mars 2008 : les bons et les mauvais présentoirs

Nous l'avons déjà dénoncé dans notre UNE mais nous souhaitons persévérer pour démontrer - s'il en était encore besoin - les hypocrisies et les absurdités législatives et sanitaires de l'Etat : Mme Bachelot a très officiellement annoncé que désormais, les présentoirs de sucreries dans les supermarchés à côté des caisses seraient supprimés. En effet, des enfants-tyrans obligent leurs parents lâches et sans aucune autorité, bref des parents totalement irresponsables, à acheter des sucreries au moment de payer. Vous avez sans doute comme moi déjà assisté à certaines scènes au cours desquelles des parents, bataillant pour pousser leur caddie et leur marmaille indisciplinée, passent leur temps à reposer dans un présentoir un bonbon ou une barre chocolatée qu'un enfant s'évertue à reprendre et reposer sur le tapis roulant. La scène s'achève soit en cris (la mère ou le père a dit NON une fois pour toute) et les hurlements de l'enfant nous poursuivent dans tout le magasin - et on les maudit -, soit par une capitulation - et là on leur dit merci au nom de notre tranquillité. Le parent exténué, énervé, pressé jette rageusement dans le caddie le bonbon. Donc pour pallier aux graves manquements de ces parents obésophiles, Mme Bachelot, écoutant de zélés députés, a décidé que les sucreries ne seraient vendues que dans les rayons. Au milieu des autres bonbons, sucreries et autres délices très mauvais. Si elle croit que nos rusés enfants vont se contenter de ce petit tour de passe-passe, elle se fourre le doigt dans l'oeil. Comme si un seul enfant au monde accompagnant ses parents au supermarché régulièrement ignorait où se trouve le rayon bonbons ! C'est l'un de ses préférés - comme le rayon jouets. Et c'est en général devant ce rayon qu'on le retrouve, quand on l'a perdu ! Donc cette mesure est complètement idiote. Peut-être vaudrait-il mieux supprimer carrément les rayons bonbons. Et pourquoi pas le rayon Coca-Cola, sodas sucrés... Et puis tous les rayons où on nous vend de la merde tout simplement ? Il ne resterait plus beaucoup de rayons me direz-vous.

Et pendant ce temps-là, la même Roseline Bachelot, déclare être tout à fait favorable aux présentoirs de médicaments non soumis à ordonnance devant les comptoirs des pharmaciens... 226 médicaments y seront vendus en libre-service dès le mois de mai. Là bien sûr, il n'y aura que des gens responsables. C'est-à-dire qu'on n'y retrouvera certainement pas les parents lâches et irresponsables du supermarché décrits précédemment. Personne n'achètera 12 boîtes d'Ibuprofen d'un coup, personne ne mélangera un médicament avec l'autre. Chacun aura le libre-choix de se bousiller la santé tout seul, sans prendre conseil auprès du pharmacien, à la plus grande joie du lobbie pharmaceutique qui se réjouit de l'adoption de cette mesure et des chiffres de l'automédication, en constante augmentation (ainsi que son chiffre d'affaires).

Pour faire le lien entre les deux, je suggère que les sucreries et confiseries de tout poil soient désormais vendues avec des notices similaires à celles des médicaments : risque de surdosage, d'interaction, posologie maximale recommandée, inscription "manger des bonbons tue", reproduire des images d'obèses sur les paquets de Haribo. Quant à ceux qui auront souffert de nausées, de vomissements, de douleurs abdominales après une mauvaise utilisation de médicaments achetés librement et en toute conscience, tant pis pour eux. On devrait même aller au-delà des désirs des laboratoires pharmaceutiques : pourquoi ne pas remplacer les présentoirs de bonbons désormais vides à côté des caisses de supermarchés, par des présentoirs à médicaments ? Après tout, ce serait logique, n'est-ce-pas Mme Bachelot ?

Je me pose enfin une dernière question : que feront les lâches parents irresponsables si leur bambin les harcèle à la pharmacie pour acheter le bon sirop sucré anti-toux du présentoir de médicaments ? Sauront-ils résister ?

Jeudi 20 mars 2008 : manger 5 fruits et légumes par jour disent-ils...

Je me demande où ils achètent leurs fruits et légumes, les gens du PNNS (Plan National Nutrition Santé) et de Manger.bouger.fr...

Les tomates sont pleines de flotte et sans goût. Idem des concombres, des courgettes et des aubergines. Les avocats sont durs comme du béton. Une fois mûris à la maison, ils sont pourris à l'intérieur. Les bananes sont vertes ou farineuses. Les abricots n'ont plus de goût et sont soit trop mous soit trop durs. Les oranges sont acides et sans sucre. Et tout est plein de pesticides. C'est donc à nous de laver, de sécher et de cuire tout ça à la vapeur pour en évacuer toute trace. Vous avez le temps vous ?

Sinon il reste les légumes bio. Bien meilleurs du point de vue nutritionnel, du goût et pour la santé nous dit-on. C'est vrai. Sauf que l'autre jour, j'ai acheté - exceptionnellement - une barquette de tomates bio : une fois retournées, elles étaient toutes moisies au niveau du pédoncule.... Et puis les fruits et légumes bio c'est bien, MAIS C'EST CHER ! Trop cher.

Alors les pauvres n'ont plus qu'à manger leurs 5 fruits et légumes dégueulasses, cultivés n'importe comment, trop vite et plein de pesticides. Et tant pis pour leur santé. De toutes façons, ils savent déjà qu'il mourront plus tôt que les riches.

Mercredi 19 mars 2008 : Allô la police : mon docteur fume !

Selon le Baromètre santé médecins / pharmaciens 2003, principale enquête répétée mesurant l'opinion et les pratiques professionnelles des médecins généralistes et des pharmaciens titulaires d'officine réalisée par l'Inpes (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) : près d'un médecin sur trois (28,8%) déclare fumer ne serait-ce que de temps en temps.

Ah, ah.... On vous y prend mes gaillards...

Mon précédent médecin fumait comme un sapeur. Des gitanes. Et son cabinet sentait le tabac froid. Horreur, horreur éructeront les DNF... Je ne l'ai pas quitté parce qu'il fumait, mais parce que j'ai dû déménager. Et je ne l'ai pas dénoncé non plus à la police sanitaire. Je l'aimais bien moi, mon docteur avec ses mauvaises habitudes. Sur le Ouèb, j'ai lu des tas de choses : certains patients déclaraient qu'ils n'iraient jamais consulter un médecin qui fume. Et pourquoi donc ? Moi, en tant que fumeuse, je lui faisais entièrement confiance. Il me disait que fumer était nocif, il me mettait en garde. Et je l'écoutais : il savait bien de quoi il parlait. Il était bien placé. Il n'était pas ce super-héro formidable,  immaculé qui, drapé dans les plis de son savoir, me prodiguait du haut de sa vertu des interdits ou des recommandations empreintes de morale. Il y avait une sorte de complicité entre nous, pauvres pécheurs qui avions un faible pour la cibiche. Les seules fois d'ailleurs où j'ai essayé de ralentir, c'est sur ses recommandations. On écoute davantage quelqu'un qui ne vous juge pas. Qui est un peu comme vous.

Alors médecins du monde entier, si vous souhaitez dissuader vos patients de fumer : mettez-vous à la cigarette !

Lundi 17 mars 2008 : le tabac et les élections

Tout le monde, media et politiques, a constaté à l'occasion de ces Municipales un mouvement de protestation générale lié pour beaucoup au fameux "pouvoir d'achat", aux petites retraites, à la difficulté à vivre. "Déçus de Sarko" et mécontents en général ne sont pas allés voter. 35 % d'abstention, pour un scrutin local qui normalement mobilise bien davantage, c'est beaucoup. Je me suis demandée quelle pouvait être la part, dans cette abstention ou dans ce vote-sanction, de ceux qui comme moi n'ont toujours pas digéré le décret anti tabac. La vie est devenue bien morose, et parfois bien difficile pour tous ces cafetiers qui constatent, jour après jour, qu'ils ont perdu 10.000, 15.000, 20.000 euros.... et que si ça continue comme ça, ils devront mettre la clé sous la porte. Quant à moi, pourquoi me mobiliser pour des gens qui ne défendent pas mon droit à exister et à bouger librement ? Oui, j'en connais des tas, des gens tristes, écoeurés, des gens dont le sort, lié au tabac d'une manière ou d'une autre, abandonnés à leurs révolte solitaire, n'ont pas pris la peine de s'inviter dans la vie publique puisqu'on les en avait déjà chassés. Pour qui voter lorsqu'on est abandonné, stigmatisé, condamné à mort ? Alors j'aimerais bien qu'un institut de sondage s'intéresse à ces mécontents du décret. Car il y en a. Mais comme d'habitude, on n'en parlera pas. Car nous sommes du mauvais côté de la barrière. J'ai préféré rester chez moi. Pour la 1ère fois depuis longtemps je ne suis pas allée voter. Je suis restée chez moi et j'ai fumé toute la journée. A quoi bon sortir quand on ne veut de vous nulle part.

Dimanche 16 mars 2008 : ce qu'a fait la loi

Une loi, c'est une frontière. C'est la ligne de démarcation entre le bien et le mal. Hop ! ici je suis dans le camp des bons, des vertueux, des respectueux. Hop ! Là je suis du côté des méchants, des vicieux des illégaux. Que peut faire un individu vertueux s'il s'aperçoit qu'un vicieux transgresse la loi et fume dans un bar à côté de lui  ?

1. Cela ne l'ennuie pas tant que ça. Il laisse filer.
2. Ca l'ennuie mais il n'a pas le courage d'aller voir le hors la loi.
3. Ca l'ennuie, il va voir le hors la loi et le lui fait vertement savoir, lui demande d'éteindre sa cigarette immédiatement.
4. Ca l'ennuie, il va voir le fumeur et lui dit gentiment que la fumée le gêne. Il lui demande s'il peut fumer dehors.
5. Ca l'ennuie, il va voir le fumeur et lui demande gentiment de se pousser un peu afin que la fumée ne vienne pas jusqu'à lui.

Dans le cas n° 2, le vertueux a deux possibilités :

a) Soit il s'en va en bougonnant et en racontant à tous ses proches combien les fumeurs sont irrespectueux et qu'il faudrait faire appliquer la loi plus strictement.
b) Il ne digère vraiment pas et une fois sorti, il appelle immédiatement la police pour signaler que dans tel bar, il y a un hors la loi (deux en fait avec le patron qui a consenti).

Dans le cas n° 3 :

a) Soit le hors la loi obtempère et écrase sa cigarette (à mon avis il ne le fera pas, car on n'aime pas en général les gens agressifs et les injonctions. Il y tout à parier que le vertueux se verra rembarrer et que le fumeur continuera à fumer).

Dans les cas n° 4 et 5 :

a) Soit le fumeur à qui on a parlé gentiment comprend, (i) écrase sa cigarette ou sort (ii) soit c'est un fiéffé emmerdeur irrespectueux et il ne fait rien. Celui-là mérite une baffe.

En résumé, il a des vertueux, gentils, polis et des vertueux méchants. Il y a aussi des hors la loi compréhensifs et des hors la loi goujats et je-m'en-foutistes.

Pour certains vertueux, ce n'est pas la gêne occasionnée par la fumée qui dérange le plus, c'est le fait qu'une loi soit transgressée. Cela m'est arrivé un jour. Je fumais sur un quai de gare à l'air libre. De l'autre bout du quai, a surgi un vertueux furieux qui est venu me dire que fumer était interdit et que j'éteigne immédiatement ma cigarette. Je lui ai demandé comment ma fumée pouvait le déranger alors qu'il se trouvait à 100 mètres. La n'était pas la question pour lui. La loi, c'est la loi, même si ça ne dérange personne. Ce vertueux était plus obsédé par la loi que par la fumée. Absurde. Je lui ai donc soufflé ma fumée au visage et lui ai dit d'aller se faire voir.

Maintenant, que penser de cette anecdote récente, bien réelle, qui vient de m'être rapportée :

Dans la cave d'un restaurant, tard le soir, il n'y avait plus dans la salle qu'un fumeur et deux non fumeurs qui venaient de terminer leur repas. Avec son café, le fumeur voulait s'en griller une. Il a donc demandé gentiment et poliment aux deux personnes qui allaient bientôt partir ainsi qu'au patron si cela les dérangeait qu'il fume. Non, non. Ca ne dérangeait personne, il pouvait y aller. Notre fumeur a donc savouré avec délice son café cigarette. 10 minutes après (les deux personnes étaient parties), la police a débarqué dans la cave du restaurant et a verbalisé. Les deux lâches qui n'avaient rien dit, et qui étaient sur le point de partir lorsque le fumeur les a interrogés, ont jugé bon et juste d'aller dénoncer fumeur et patron du restaurant.

Qui sont les gentils et qui sont les méchants dans cette petite histoire ? Je vous laisse méditer cette petite leçon de morale.

Samedi 15 mars 2008 : Et les Stones dans tout ça ?

Nos papys rockers sont toujours là. Et bien là. Et pourtant ils ont tout fait, tout bu, tout pris, tout essayé, tout fumé, tout prisé, tout exagéré, exagérément abusé de tout.

Et, comme dans ce vieux sketch de Robert Lamoureux (je parle aux vieux qui connaissent), on peut dire " et le lundi matin, le canard était toujours vivant ! " (pour les petits curieux, le sketch est disponible dans la  Rubrique SPARTA-LIENS page LIENS VIDEOS  Rien à voir avec la question)

Et oui, mauvais prophètes, apôtres de la mesure en toute chose, contempteurs de dissidences sanitaires, ils ne sont toujours pas morts. Ca vous la coupe, hein ? Il est vrai qu'à l'époque, il n'y avait pas de messages sanitaires à la TV. Sinon, je suis sûre qu'au lieu de faire du rock, ils auraient fait du sport. Et qu'au lieu de prendre des drogues, ils auraient mangé 5 fruits et 5 légumes par jour…

Alors il paraît que certains se sont assagis avec l'âge. C'est qu'ils ont ressenti le besoin de le faire. Une chose dont je suis sûre, c'est que si on leur demande s'ils se sont bien amusés et s'ils ont l'impression d'avoir profité de la vie, je gage qu'ils diront oui. Certains ont peut-être regretté des excès. Certains sont même peut-être mal en point aujourd'hui. Là n'est pas la question. L'important, c'est qu'ils sont encore là, avec une vitalité étonnante. Et qu'ils sont le contre-exemple vivace que la bonne santé obligatoire n'est pas l'alpha et l'oméga de la longévité. Sinon, ils auraient franchi l'Achéron depuis belle lurette !

Vendredi 14 mars 2008 : Fumo ergo sum (je fume donc je suis)

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Enfant, j'adorais lire et relire les pages roses du petit Larousse. .J'y puisais à profusion des proverbes ou des locutions dont j'inondais mes rédactions. Aujourd'hui, j'ai toujours, en toute circonstance, un bon petit proverbe ou un dicton qui m'aide à appuyer une argumentation. Comment lutter contre leur sagesse ancestrale et leur philosophie définitive ? Ainsi, à quiconque me parle des dangers de notre monde et de la nécessaire mise en œuvre de mesures sécuritaires, je rétorque toujours que " la peur n'évite pas le danger ". Ca clôt le débat et mes adversaires rentrent chez eux en se disant " Ca n'est pas faux…. "

Je me suis donc amusée à constituer un petit florilège d'expressions appropriées aux nouveaux interdits sanitaires. Ca donne ça :

  • A ceux qui veulent nous interdire l'alcool et la joie de vivre :
In vino veritas : La vérité dans le vin
Bonum vinum laetificat cor hominis : Le bon vin réjouit le cœur de l'homme
Carpe diem : Mets à profit le jour présent
  • Sur la peur de mourir :
Mors ultima ratio : La mort est la raison finale de tout
Aequo pulsat pede : La mort frappe d'un pied indifférent....
  • Sur le choix de fumer :
De gustibus et coloribus non est disputandum : Des goûts et des couleurs, il ne faut pas discuter
Tous les goûts sont dans la nature
Trahit sua quemque voluptas : Chacun a son penchant qui l'entraîne. (Maxime empruntée à Virgile (Eglogues, II, 65), équivalent des adages français : Tous les goûts sont dans la nature et chacun prend son plaisir où il le trouve.)
  • Sur le recours à la loi pour nous interdire de fumer :
Argumentum baculinum: L'argument du bâton (celui qui l'emploie doit savoir qu'il s'expose à la mécanique du retour de bâton)
  • Sur les médecins,  certains de leurs chiffres et de leurs arguments :
Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage
Medice, cura te ipsum : Médecin guéris-toi toi-même
Quot capita, tot sensus : Autant de têtes, autant d'avis
Dans le doute, abstiens-toi
Sapiens nihil affirmat quod no probet : Le sage n'affirme rien qu'il ne prouve
Il faut tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler
Errare humanum est, perseverare diabolicum  : Il est de la nature de l'homme de se tromper mais persévérer (dans l'erreur) est diabolique
Deux avis valent mieux qu'un
Omnis homo mendax : Tout homme est menteur
Erreur n'est pas compte (tant que subsiste une erreur, un compte n'es pas définitif)
  • A ceux qui croient tous leurs arguments :
Audi alteram partem : Écoutez l'autre partie
Decipimur specie recti : Nous sommes trompés par l'apparence du bien
Sapere aude ! :  Aie le courage de te servir de ton propre entendement !
Credo quia absurdum : Je le crois parce que c'est absurde
Beati pauperes spiritu : Heureux les pauvres en esprit
  • Aux non fumeurs extrémistes :
Homo homini lupus : L'homme est un loup pour l'homme
Charité bien ordonnée commence par soi-même
A bon chat, bon rat (se dit quand celui qui attaque trouve un antagoniste capable de lui résister)
  • A Yves Bur et Xavier Bertrand :
Ave Caesar, morituri te salutant : Salut César, ceux qui vont mourir te saluent
Vade retro, Satana : Retire-toi, Satan
  • Sur la justice, le droit et ce qu'il aurait fallu faire :
In vitium ducit culpae fuga : Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire
In medio stat virtus : La vertu est au milieu
Est modus in rebus : En tout il y a des bornes
Jus est ars boni et aequi : Le droit est l'art du bien et du juste
Le mieux est l'ennemi du bien
Summum jus, summa injuria : Comble de justice, comble d'injustice. (Justice excessive devient injustice)
Concordia civium murus urbium:  La concorde entre les citoyens, voilà la muraille des villes
A trop tirer, on rompt la corde
  • Aux fumeurs :
Macte animo ! : Courage !
Furor arma ministrat :  La fureur fournit des armes
Qui ne dit mot consent
Exoriare aliquis nostris ex ossibus ultor : Qu'un vengeur naisse un jour de ma cendre !
À cœur vaillant rien d'impossible
Sol lucet omnibus : Le soleil luit pour tout le monde (surtout sur les terrasses cet été !)
Nunc est bibendum : C'est maintenant qu'il faut boire
Après la pluie, le beau temps
  • Enfin sur l'absurdité de notre époque et l'hystérie sanitaire :
Trop de précaution nuit
O tempora ! O mores : Ô temps, Ô moeurs !

Jeudi 13 mars 2008 : Asterix et les fumeurs


Et oui ! N'en déplaise aux fumophobes, il y a encore dans des bars récalcitrants des irréductibles qui résistent encore et toujours à l'envahisseur non fumeur. Ne craignant qu'une chose : que le ciel leur tombe sur la tête, ils bravent la loi des probabilités et les amendes d'une Maréchaussée fort affairée. Dans ces derniers lieux de résistance, en même temps que le plaisir de savourer une conso-cigarette bien au chaud, nous goûtons celui de braver l'interdit et de partager avec une poignée de semblables les bouffées intérieures défendues. Et après une ou deux lampées de potion  magique, nous attendons de pied ferme les légions non fumeuses, bien résolus à leur foutre une pâtée mémorable s'ils viennent à pointer leur nez trop subtil.

Mercredi 12 mars 2008 : le tabac sur Internet. Information et propagande

Je cherchais l'autre jour sur Internet quelques informations générales et simples sur les différents types de tabac, sa culture, son histoire. J'ai donc écrit dans mon moteur de recherche le mot "tabac". Puis j'ai cliqué. Pauvre innocente imprécise que j'éttais ! Des pages et des pages de sites, blogs, informations sur les méfaits du tabac. Des pages et des pages d'incitation, informatives et/ou publicitaires à arrêter de fumer. Des pages et des pages de conseils, de méthodes, de témoignages, de "trucs", d'éructions injurieuses à l'égard des fumeurs, de photos répugnantes de vieux poumons et de chicots noircis. Des pages et des pages de mises en garde sanitaires alarmistes, de conseils préventifs.

Même en resserrant ma recherche, même en introduisant de nouveaux mots-clés, impossible d'atteindre en premier un simple site informatif. Impossible dans Internet de faucher au coupe-coupe cette foisonnante propagande anti-tabac pour trouver ne serait-ce qu'un ouvrage scientifique. L'internaute qui ignorerait encore la nocivité de l'herbe à Nicot après une semblable tentative pourrait être qualifié à bon droit de fieffé abruti !

De guerre lasse, j'ai abandonné mes recherches et décidé d'aller m'acheter un livre. Pas absolument persuadée qu'il ne me faudrait pas perdre un temps tout aussi long à tenter de le débusquer dans une forêt d'ouvrages dissuasifs.

Finalement, j'irai à la bibliothèque. Comme au bon vieux temps. Au moins là, dans ce lieu qui assume les traces des époques révolues, sans floutage ni censure intempestive, je pourrai trouver, bien classé dans le rayonnage idoine, mon histoire du tabac à travers les âges.

Samedi 8 mars 2008 : Les tue-la-joie

Cliquez pour agrandir l'imageUne interdiction en amène fatalement d'autres.

Certains grincheux que la joie de vivre fait souffrir râlaient déjà beaucoup après les bars dans lesquels on peut entendre des concerts, découvrir des petits groupes dont ces lieux sont la seule scène. Au premier rif de guitare un peu appuyé à cinq heures de l'après-midi (on ne peut guère plus aller au delà de 20h00) ils avaient déjà composé le 17. " Allô la police, faites immédiatement cesser ce bruit intolérable ! Je ne peux même plus suivre l'Inspecteur Derrick". Le tapage nocturne n'existe plus. Il n'y a que du tapage tout court. La définition, la perception de ce qui est un " bruit ", un " tapage " donc une chose fluctuante car très personnelle, s'est peu à peu élargie à tout ce qui constitue l'écho de nos vies quotidiennes. Les cris d'enfants sont devenus du " tapage ", les jeux de ballons sont devenus du " tapage ", les engueulades entre conjoints sont devenus du " tapage ", les pleurs des nouveaux-nés sont devenus du " tapage ", les râles des couples qui font l'amour la fenêtre ouverte sont devenus du " tapage ". Alors le petit concert de rock du bar apparaît comme un tapage encore plus intolérable.

Les excavatrices, les poids lourds, les téléviseurs, les automobiles, les avions, les camions, les sirènes de police et de pompiers, les ambulances, les avertisseurs sonores, les annonces des centres commerciaux et des gares, les moteurs des bus, les sirènes des TGV, les aboiements, les miaulements, personne n'a rien à redire. Mais que des fumeurs, ces pelés, ces galeux chassés des cafés parlent dehors (où faut-il donc qu'ils aillent puisqu'on leur en refuse l'accès), durant les pauses des concerts, et voilà notre gent tapageophobe et fumophobe qui repart en guerre ! Menacés de fermeture administrative, contraints de faire la police dans leur établissement, angoissés par la perte d'une partie de leurs revenus, que peuvent donc faire ces patrons de bar ? Jusqu'où pousserons-nous l'intolérance ? Devrons-nous tous devenir aussi silencieux que des spectres ? N'écouter que de la musique de chambre entre 10h100 et 11h00 le matin ? Le gouvernement va-t-il une fois encore légiférer et subventionner des casques anti-bruits à tous les fossoyeurs de vie ? Ou tout bonnement abolir tout ? Ou nous assigner à résidence ?

Je n'en peux plus de ce monde anti-tout, de ces gens qui ne supportent pas la joie de vivre, la fête et le moindre son. Qu'elles paraissent lointaines les paroles de la chanson Dans la salle du bar tabac de la rue des Martyrs du groupe Pigalle : Y a des ivrognes qui s'épanchent au bar, Ici la dope c'est à la poignée, Y a des vieux gars tatoués partout qui racontent leurs souvenirs…

Vendredi 7 mars 2008 : Je n'aime plus les médecins

Avant toutes ces interdictions, il y a bien longtemps déjà, j'aimais bien les médecins. Ils faisaient un peu partie de nos familles. Le bon médecin avait une figure paterne, il nous grondait un peu, nous tançait gentiment pour nos mauvaises habitudes. On savait qu'il le faisait pour notre bien et, parce que la relation était familière, parce qu'une relation de confiance s'était établie, on l'écoutait parfois. La relation individuelle, l'intimité partagée et parfois l'affection du médecin pour son patient, la confiance du patient pour son médecin, faisaient plus en matière de prévention que les Grands Interdits publics.

Mais aujourd'hui, le médecin est devenu un grand censeur ! Il travaille avec la loi. Il manie le bâton. Il est devenu omniprésent. L'Etat le consulte à tout propos. Il aide à fabriquer des lois répressives : le fumeur continue à fumer, bing, un coup de bâton législatif ! La femme enceinte continue à fumer, bing, un coup de bâton culpabilisateur. Regardez les média : le Pr. Dautzenberg, le Pr. Tubiana, le Pr. Dubois, le Dr. Audureau, ces croisés anti-tabac sont partout. Dans les instances publiques et gouvernementales, dans des conférences. S'ils ne faisaient que "communiquer", mais ils sont à l'origine de décisions judiciaires, ils s'infiltrent à l'Assemblée Nationale, s'assoient sur les genoux des députés et leur font peur. Le pauvre député, qui craint ses électeurs, adopte vite une mesure répressive à l'égard des fumeurs. On ne sait jamais. Prend-il la précaution de vérifier les chiffres qu'on lui donne ? Rappelle-t-il au médecin que son champ de bataille se situe avant tout dans son cabinet, et non dans l'Hémicycle ?

Je n'aime plus les médecins. Pire : je les déteste aujourd'hui, et je les méprise, avec autant de force que pouvait le faire Molière en son temps. Ils ont quitté le cadre de l'intime et de la bienveillance. Leurs oreilles glanent toutes nos petites misères quotidiennes, puis ils s'en servent pour fabriquer leurs études. Notre vie privée et nos comportements sont sur la place publique.

Dans un monde ou la sécurité sanitaire s'est muée en grande obsession, les médecins sont devenus les personnages les plus importants. Leurs analyses suggèrent que les fumeurs sont anti-sociaux, rebelles, déviants... Alors ils nous expédient chez leurs confrères psychiatres.

Le médecin ne répare plus des vies individuelles. Il casse sans discernement. Il ne prévient plus, il punit. Plus de compassion, d'affection. Puisqu'on ne veut pas l'écouter, puisque malgré ses conseils on continue à fumer et à boire, il va tout faire pour nous interdire les bars. Peut-être va-t-il même interdire les bars ? Vous allez voir ce que vous allez voir. C'est qui qui sait ! C'est qui qui commande ! Je vais vous protéger malgré vous, quitte à vous interner, quitte à vous couper les deux mains, quitte à vous mettre une camisole de force.

Il y avait l'ordre des médecins. Maintenant il y a les médecins de l'ordre. Et le caducée, le symbole de leur corporation indique qu'ils sont devenus des serpents venimeux enserrant le bâton de l'ordre.

Je n'aime plus les médecins.

Jeudi 6 mars 2008 : L'odeur de la résistance

Autrefois, c'était à dire avant  la Grande Interdiction, j'appréciais peu l'odeur du cigare : trop puissante, trop envahissante, trop personnelle. C'est d'ailleurs pourquoi je comprenais que l'odeur de la cigarette pût indisposer certains non fumeurs. Mais hier, tard dans la soirée, en passant devant un bureau dans lequel Monsieur X prenait une pause bien méritée, les pieds sur le bureau, le visage détendu, le cigare à la bouche, bravant l'interdiction de fumer sur les lieux de travail, l'odeur m'en est parue agréable. Moi, fumeuse interdite de bar, j'ai goûté avec Monsieur X le plaisir de ce moment paisible. Et véritablement, olfactivement, je n'ai pas ressenti la même gêne qu'auparavant. Ce constat étrange m'a suggéré que l'appréciation des odeurs, très personnelle, est  un phénomène complexe. Ce cigare avait l'odeur de la résistance, de la transgression. Le plaisir était plus fort que l'interdiction. Mon approche olfactive, chimique, a été modifiée par le sentiment de colère et de révolte profonds que je ressens chaque jour parce que je suis entravée dans mes mouvements. Mon adhésion à ce petit acte de rébellion individuelle a donc suscité mon adhésion olfactive. Etonnant, non ?

Mardi 4 mars 2008 : Les enfants-bulle

Un des premiers arguments évoqués par le camp anti-tabac pour nous dissuader de fumer est " si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour vos enfants ", ou pire : " vous mettez la vie de vos enfants en danger ".

Chaque parent fait son possible pour protéger ses enfants, leur assurer un minimum de confort, de sécurité, les prévenir des différents risques quotidiens auxquels la vie les confronte. Chacun fait ce qu'il peut, en fonction de sa culture, de son style de vie, de sa manière d'appréhender l'existence, de ses possibilités financières aussi. Les parents connaissent déjà la culpabilisation et la peur : peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas offrir tout le bien être ou les conditions nécessaires à leur plein épanouissement. Certains essaient de surmonter des problèmes économiques et sociaux difficiles. Il n'est pas nécessaire d'en rajouter.

Pourtant, les messages sanitaires, les mises en garde de l'Etat se multiplient : faites leur faire ci, ne leur faites pas faire ça, obligez-les à faire du sport, interdisez-leur les bonbons, les boissons sucrées…. Il faudrait les protéger de tout, car tout est dangereux.  Il faudrait leur assurer une sécurité maximale : ne plus les laisser sortir, traverser la rue, jouer à l'école, partir en colonie en bus, ne plus les exposer à quoi que ce soit un temps soit peu risqué. Or le monde est plein de risques. Et grandir, c'est aussi apprendre à évaluer les dangers, et progressivement exercer son propre jugement pour effectuer ses propres choix, le temps venu. Elever nos enfants comme des enfants-bulle ne les préparera pas à affronter le monde et à être adulte.

Des générations d'enfants ont grandi dans la fumée de leurs parents. Ont-ils vécu moins bien que les enfants de non fumeurs ? Est-ce à partir de ce critère qu'ils ont pu dire, arrivés à l'âge adulte, qu'ils ont eu une enfance heureuse ou malheureuse ?  Que leurs parents ont été de bons ou de mauvais parents ?

Alors certes, fumer n'est peut-être pas bon. Mais si l'on doit prémunir nos enfants de tout ce qui est nuisible, néfaste, mauvais, malsain, dangereux, risqué, la fumée de cigarette est-elle bien le premier danger dont on doive les protéger ? Est-il nécessaire de culpabiliser davantage les parents fumeurs et de faire de la fumée de cigarette la preuve irréfutable permettant de séparer le bon grain de l'ivraie, et de classer les bons et les mauvais parents ?

Lundi 3 mars 2008 : l'expulsion des fumeurs des bars est une violation de notre devise nationale

Les non fumeurs enragés ont constamment à la bouche la phrase : "la liberté s'arrête ou commence celle d'autrui".  Il serait peut-être utile de leur rappeler la RECIPROCITE FONDAMENTALE de ce principe. J'ai le droit de ne pas être enfumé disent-ils. Soit. Mais moi, fumeuse, j'ai le droit de ne pas être chassée de mon bar familier. Ma liberté de circulation et de déplacement est entravée par celle des non fumeurs. Rappelons donc que :
La  Liberté  dans la Déclaration des droits de l'homme de 1793 est définie comme "le pouvoir qui appartient à l'homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui ; elle a pour principe la nature ; pour règle la justice ; pour sauvegarde la loi ; sa limite morale est dans cette maxime : Ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu'il te soit fait." Ce terme est limité par le second :
Égalité . Il signifie que la loi est la même pour tous. La même déclaration précise que : « Tous les hommes sont égaux par nature et devant la loi. » . Quid donc de l'égalité pour tous quand la liberté d'être dans un endroit particulier nous est refusée.
Fraternité. Enfin la fraternité, selon la Déclaration des droits et devoirs du citoyen figurant en tête de la Constitution de l'an III (1795) stipule : « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît ; faites constamment aux autres le bien que vous voudriez en recevoir ». Sincèrement, non fumeurs : aimeriez-vous être chassés de vos lieux familiers ? Aimeriez-vous être traités ainsi ?

En résumé, la devise nationale, pour les non fumeurs intransigeants signifie : Liberté d'être dans les bars pour les seuls non fumeurs. Non égalité de traitement. Aucune fraternité vis-à-vis des non fumeurs.

Autant remplacer tout de suite la formule 1793 "unité, indivisibilité de la République ; liberté, égalité ou la mort" par "discordance, division de la République, entrave, inégalité". Et pourquoi ne pas ajouter : "mort des fumeurs dans le froid", tant qu'on y est puisque le nouveau pacte républicain est fondé sur la ségrégation.




































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